GC MAGAZINE n°16 | SEPTEMBRE 2018 |
La totalité de la production d’eau chaude sanitaire des 280 logements de la nouvelle tour Skylight de la Défense, livrée à l’été 2017, est assurée grâce la récupération des calories des eaux grises. L’eau provenant des douches, vaisselles ou encore lave-linges alimentent quatre PAC eau/eau conçues par le fabricant nordiste Solaronics. Après un an de fonctionnement, Génie Climatique est allé vérifier s’il est possible de prendre une douche chaude grâce aux eaux usées.
L’industriel nordiste Solaronics Chauffage (spécialisé dans la récupération et la valorisation énergétique des eaux grises) a été choisi par les promoteurs immobiliers Nexity et Gecina pour assurer les besoins d’ECS des 280 logements de la tour Skylight de la Défense. Pour assurer la totalité des besoins d’eau chaude des occupants, Solaronics a mis en place quatre modules « PAC Facteur 7 » au sous-sol de la résidence : deux modules pour l’eau chaude des 113 logements en accession pour le compte de Nexity, deux autres pour la résidence étudiante de 168 chambres étudiantes sous la maîtrise d’ouvrage de Gecina. « Nous avons choisi d’installé pour chaque promoteur deux modules plutôt qu’un seul d’une puissance double afin que le second puisse prendre le relais en cas de défaillance du premier. S’il nous faut changer un module, la production d’ECS n’est ainsi pas impactée », nous confie Damien Troyon, ingénieur commercial chez Solaronics.

Des hôtes surprises
Si du côté des logements en accession, le puisage d’ECS réel, à savoir 9,2 m³/jour, s’est révélé relativement proche des besoins prévisionnels estimés à 7,7 m³/jour, dans les logements étudiants, Solaronics a du faire preuve d’agilité et de réactivité. Le passage d’hôtes dans des logements étudiants prévus pour accueillir une seule personne a entrainé une surconsommation. « L’application de la réglementation a conduit à dimensionner un puisage d’ECS de 7,6 m³/jour (soit 53 litres/logement/jour) mais au bout de deux mois, les besoins journaliers en ECS se sont révélés deux fois plus élevés que ceux estimés. Avec 15,3 m³ d’ECS consommés chaque jour, nous avons adapté le système pour ne pas risquer de nuire au confort de l’usager, en accord avec le client. C’est pourquoi nous avons remplacé, en une demi-journée, les deux modules de 20 kW initialement prévues pour la production d’ECS des logements étudiants par deux modèles de 40 kW afin d’apporter l’énergie nécessaire », explique Damien Troyon.
COP de la production d’ECS supérieur à 5
Les eaux grises provenant des douches, baignoires, éviers ou encore lave-linges sont récupérées, filtrées puis stockées dans deux cuves de 8 m³ à une température moyenne de 29 °C. Ces eaux usées « propres » croisent ensuite l’eau de ville dans un échangeur à plaques à contre-courant breveté par Solaronics Chauffage et sont ensuite évacuées à 8°C vers les égouts. « Une réserve d’eau claire permet de rincer le circuit d’eaux grises quotidiennement pour éviter le dépôt de biofilms et ainsi tout risque de blocage », ajoute l’ingénieur commercial.
La température de l’eau de ville passe ainsi d’une température de 10 °C à environ 26 °C. La pompe à chaleur prend ensuite le relais pour monter la température de cette eau à 58 °C. L’eau de ville ainsi réchauffée est ensuite stockée dans 10 ballons de 1 000 litres pour la résidence étudiante et dans 4 ballons de 1 000 litres, pour les appartements. Cette eau stockée est ainsi prête à alimenter les usagers de la tour. « Il y a autant de ballons car nous ne pouvions pas, pour des contraintes de taille du local, avoir des ballons d’une capacité plus élevée. De plus, l’eau ne reste pas stockée plus de deux heures dans les ballons car les besoins en ECS sont importants », ajoute Damien Troyon. Au final, le COP de la production d’ECS est supérieur à cinq.
Le suivi du fonctionnement est assuré en permanence via quatre-vingt-dix points de contrôle sur la boucle d’eau par un automate de régulation. Les données sont envoyées et stockées sur un serveur Solaronics dédié à Armentières dans le Nord au siège social de l’entreprise. En cas d’anomalie, un SMS ou un e-mail est envoyé aux techniciens. Dans le cadre de la maintenance préventive, ces derniers effectuent une visite bimestrielle pour contrôler l’installation.
