lemoniteur.fr | Mathieu Dejeu | le 06/03/2015 | Hauts-de-Seine |

Récupération d’énergie -Les eaux de lavages rejetées par les bâtiments charrient de la chaleur. Deux sociétés françaises s’offrent d’exploiter ce gisement.

Machines à laver, lave-vaisselle, douches et robinets, autant de points où l’eau se déverse dans les égouts après avoir été longuement chauffée. Qualifiée de « grise », cette eau renferme une manne énergétique inexploitée. Des pompes à chaleur (PAC) peuvent récupérer les calories gaspillées. En 2014, deux entreprises françaises, Biofluides Environnement et Ereie, ont décroché un agrément titre V de la RT 2012 pour ce type de système. Installés dans des logements collectifs, ils peuvent couvrir la totalité des besoins en eau chaude sanitaire (ECS). Leur principe de fonctionnement est similaire : en chute d’un immeuble, les eaux grises sont filtrées et emmagasinées dans une cuve. Leur température est alors comprise entre 25 et 33 °C. Elles transitent ensuite à travers la PAC. Celle-ci transfère la chaleur du liquide à l’eau de ville, qui passe alors de 10 à 56 °C. L’ECS ainsi produite rejoint des ballons de stockage. La consommation énergétique par mètre carré est réduite de 70 % par rapport à une chaudière gaz à condensation. Cependant, pour que le procédé soit intéressant, le bâtiment doit au moins générer 5 000 l d’eaux grises par jour.

Si elle promet beaucoup, cette technologie reste aujourd’hui marginale. La faute à des prix encore élevés. La fourchette va de 100 000 à 300 000 euros selon le modèle et le chantier. « La faible production engendre des coûts importants. Une augmentation du nombre de projets entraînerait une baisse des prix », souligne Jean Sobocinski, responsable commercial de Biofluides. Depuis 2010, le groupe commercialise l’Energy Recycling System (ERS). Il totalise 36 installations, réparties à parts égales entre la rénovation et le neuf. « Nous prévoyons surtout une croissance dans ce dernier secteur, indique le responsable. A plus long terme, Biofluides se dirige également vers des applications industrielles, où les volumes de liquide sont considérables. » La 8e version de l’ERS sera mise sur le marché courant 2015. Elle atteindra un coefficient de performance (COP) de 4,3. Le groupe travaille aussi à un procédé d’injection des eaux grises dans les toilettes, en sortie de la récupération de chaleur.

Un fluide frigorifique sur mesure

Pour sa part, la société Ereie propose depuis mars 2014 la PAC Facteur 7, un dispositif qui affiche un COP de 6,4. Il réunit plusieurs innovations spécifiques. « Nous avons créé un mélange frigorifique dédié à cette application. Par ailleurs, avant son passage dans la PAC, l’eau de ville circule dans un échangeur thermique chauffé par les eaux grises. Sa température monte ainsi à 27 °C », explique Simon Clodic, directeur commercial d’Ereie. L’équipement se présente sous forme de module, simple à démonter. Ainsi, une équipe de maintenance peut le remplacer rapidement. L’entreprise a déjà enregistré cinq commandes pour ce produit. Une installation est notamment prévue sur le chantier de Terrasse 9 à Nanterre (Hauts-de-Seine) en mars prochain.

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